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  • : Le Monde de Juliette
  • : mon parcours personnel vu au travers de mes peintures, à la fois journal intime et mini-galerie
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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 12:00

 

 

Elles s’étaient rencontrées à l'école primaire,….Elle était arrivée dans la ville venant du Nord de la France…

....Ah ! du Nord, autre région minière…..

Ça a du être difficile…

....Oui, surtout en milieu d’année scolaire…. Mais elle avait l’habitude ; ça avait toujours été comme ça… avec un père fonctionnaire.

…. Comme elle était une bonne élève, on l’a mise dans la » Classe Unique ».

....Ah ! ah ! ah ! la Classe unique !

Bon, charrie pas. elle n’y pouvait rien.

Il y avait quatre élèves de CP1, quatre de CP2, jusque au CM2.

Dans les autres classes on se moquait d’elles, un peu par jalousie. Elle, elle les enviait, elles travaillaient plus.. mais on ne lui avait pas demandé son avis.

…. Donc dés le départ  les dés étaient pipés… si tu veux.

 

En 6ème elle s’est trouvée avec Gisèle… elle était sympa avec elle qui était un peu perdue par la nouveauté des expressions utilisés ;

.......Par exemple ?

Tu vas rire :

Le premier jour on leur a dicté en math une problème, et il y avais des « petit a ». mais elle avait  compris des » petits tas », elle était affolée. C’est Gisèle qui l’a aidée, elle s’est mise à rire « que tu est bête, c’est un a minuscule ».

Ouf ! quel soulagement !....

Oui elle avait un peu raison, c’était pas très malin : un « petit tas » dans un problème de math…. Pfft !

 

 

Les deux autres Edmée et Claude était dans une autre sixième… mais comme elles s’étaient connues avant, elles se retrouvaient à la récré.

Elle,elle parlait peu, sauf avec Gisèle quand elles rentraient.

 

Après son retour ça a été différent, Elle ne faisait plus partie du groupe, mais il fallait faire comme si….

Wahou ! les garces ! et ça a duré longtemps comme ça. ?

 

Deux mois….

 

Elle allait toutes les semaines voir son père en prison, et elle avait à cœur d’avoir chaque fois une bonne note à annoncer……

C’était chic de sa part

 

Mais..

Mais ?

Elle devait partir le samedi matin avant la fin du cour, pour la visite hebdomadaire à son père.

......Dans ces parloirs sinistres où on se parle au travers d’une grille ?

Oui, bien sûr

La pauvre

En silence, elle préparait son cartable.

Un jour le prof l’a apostrophée : « Où allez-vous Mademoiselle ? »

Alors ?

Alors,  Elle s’est levée, très droite, et en regardant la femme dans les yeux, d’une voix nette «  je vais voir mon père en prison, Madame » (ce qui pour elle sous-entendait « là où on l’a mis, sans raison ;..et vous avez laissé faire »

« Bien, allez-y » lui a –t-elle répondu d’une voix adoucie

 

« Alors là, elle a fait fort »

 

Comme elles habitaient toutes les quatre le même quartier, en rentrant,c’était difficile de les éviter, tantôt elle était derrière, tantôt elle était devant, et il lui fallait mesurer son pas pour ne jamais se trouver à leur hauteur…

Oh la ! la ! la pauvre, la galère

 

 

En route c’était Edmée qui les quittait la première, puis Claude et après…. C’était le plus cruel, elle marchait en traînant alors qu’elle avait tant envie de parler à Gisèle, sa Gisèle.

 

Un jour… « un jour ?... » arrivée devant chez elle, au lieu de continuer ; Gisèle l’a rejointe… et s’est mise à lui parler….

Oh la la ! elle disait quoi :

Exactement, Elle n’entendait pas vraiment, elle écoutait, ébahie, son amie de cœur lui dire « je sais que ton père n’a rien fait »…

Oh la la….

« Je sais que ton père n’a rien fait (son père à elle était dans la résistance, il s’était renseigné, il avait même su que le Commissaire B. avait sauvé des Juifs ; en les faisant prévenir de la prochaine raffle

«  il avait fait fort son père »

Oui, il était très courageux et humain »

 

Donc, a dit Gisèle « nous sommes toujours amies » et elle l’a embrassée sur la joue.

Qu’est-ce qu’ Elle  a répondu

Elle n’a rien pu dire, a chaque phrase de son amie, elle disait « Oui » ou hochait la tête, elle avait les yeux pleins de larmes

 

Gisèle l’a quittée en lui disant « A demain »

 

Et alors, les autres ?

« Le lendemain, Gisèle l’a attendue devant la maison et elles sont parties ensemble, et quand elles ont rejoint Edmée et Claude, devant leur regard furieux elle a dit

« je sais que son père est innoceznt, maintenant elle est mon amie »

..Et alors

Les deux autres ont hoché la tête et le groupe des quatre s’est reformé, difficilement

comme avant :

Oui... en apparence.... parce que Claude ne manquait jamais une occasion de l'humilier...... mais c'est oublié


 

…. Et en fin d’année, c’est Elle qui a eu le « Prix d’honneur » qui, Elle le savait, revenait à Gisèle.

C’était un signe discret de la Directrice et des professeurs pour prouver leur solidarité avec sa famille.

Mais pourquoi « discret »

Parce qu’à l’époque  il y avait encore des exécutions de ceux que l’on soupçonnait de « collaboration »

Avec ?

Avec les allemands.

Et ça a duré longtemps ?

Je ne sais plus vraiment.

Son père est sorti de prison peu après et a quitté la ville pour aller chez des amis  résistants, qui le connaissait bien….

 

Et voilà, l’histoire est finie …..

C’est émouvant…. tout ça on ne le sait pas.

On n’en parle pas, les gens ne comprendraient pas peut-être, tout au moins ceux qui n’ont pas vécu à cette époque

 

Et Elle et Gisèle sont restée amies pendant des années, et le sont toujours même de loin.

…..

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commentaires

S
<br /> Belle histoire.............. Bravo Juliette<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Parce que vécue<br /> <br /> <br /> Merci<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> j'ai connu cette époque. J'avais 8 ans à la déclaration de la guerre, et comme fils de rital j'en ai aussi bavé, même si mon père était infirme du travail et mon oncle (lui aussi rital, mais engagé<br /> dans l'armée Française), prisonnier en Allemagne..... Et il faut tout oublier.....<br /> <br /> Bonne journée alors !!<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> J'ai une amie d'origine italienne qui m'a dit avoir beaucoup souffert du racisme des français<br /> <br /> <br /> Au! si nous pouvions faire disparaître toutes guerres<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
U
<br /> Ici c'est un devoir belle Juliette.<br /> Bisdoux à toi.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Je le ressens ainsi<br /> <br /> <br /> Bisdoux<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Y'a pas plus dur comme vie que lorsque nous sommes enfants, c'est du tout cru toujours à gober. Reste fière de tes origines. Bises<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Je le suis<br /> <br /> <br /> Mais c'est tout de même la premiè§re fois que je raconte<br /> <br /> <br /> <br />
U
<br /> Non, on ne savait pas. Mais l'injustice, ça on sait... et surtout aux récrés... pour m'en sortir, j'avais un sac de billes, et je jouais au garçon : personne ne me cherchait!<br /> Je t'embrasse tout doux ma Juliette. Fière, sois fière!<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Je l'ai toujours été et même si c'est un défaut, je l'assuume<br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> <br />