Toute la journée, je les ai vus passer, les visiteurs, seuls ou par groupes.
Seuls, c’est supportable, je les surveille de loin, je les écoute,
je ris sous cape quand ils disent une énormité
Parce que moi, j’ai fait des études.
On m’a envoyé suivre des cours aux Beaux-Arts quand je suis entrée ici.
Mais je n’ai pas le droit de faire une réflexion. Juste quand une visiteuse s’approche trop près, ou qu’un curieux veut voir les doigts de la « Lectrice » ou le panache d’Henri IV.
Alors je m’approche et dis d’un ton sévère « Monsieur, s’il vous plait éloignez-vous » , en fait il n’était pas si près que ça, mais c’était histoire de me dégourdir les jambes, ou de m’assurer qe je ne suis pas devenue aphoned
Le pire, ce sont les groupes…. Je les entends venir de loin, avec leurs piétinements , et leur brouhaha. Il y en a toujours un qui fait le malin, ou le savant. Mais ils ne sont pas seuls, il y a la guide… Elle sait tout, celle-là ; et moi aussi, à force de l’entendre dire la même chose devant le même tableau, et sur un ton suffisant…… Moi, je pourrais le faire à sa place.
Mais à la longue, je m’ennuie, et en fin de journée j’ai la tête lourde et malgré moi elle part en arrière brusquement. C’est un ronflement qui me réveille, honteuse….
Surtout que le Conservateur ne m’entende pas… par chance il fait l’important dans son bureau et a d’autre chats à fouetter que la pauvre petite gardienne de la salle 50.
Juliette